mercredi 15 avril 2020

BOTANIQUE : le pastel

Confinement ! plus de sortie botanique… mais profitons-en pour parler un peu de nos plantes, par exemple de l’Isatis tinctoria.
Actuellement, sur les bas-côtés des autoroutes vers  Aix ou Marseille, sans oublier dans nos jardins, elle commence à  épanouir ses panicules jaunes.
 Connue sous les noms de Pastel des teinturiers, Guède, herbe du Lauragais cette plante envahissante, mellifère,  fit la richesse du Midi de la France, bien qu’on la semât partout en France et en Europe (sauf en Angleterre !).
Son colorant l’indigotine obtenu après fermentation est connu  3 siècles avant JC pour la belle couleur bleu qu’il procure.
Mais il sera concurrencé en 1498 par le pouvoir colorant 30 fois plus fort des plants de l’Indigofera (l’Indigo), après que la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama ait  rendu celui-ci  abordable. Auparavant c’était un produit pour les riches dont  les Vénitiens faisaient commerce en provenance de Perse.
Le commerce de l’Isatis tinctoria  fut défendu par tous les gouvernements qui prélevaient dessus de fortes taxes, on ne permit qu’un petit ajout d’indigo dans la cuve de fermentation  de l’Isatis, pour en aviver le bleu.
Mais avec l’esclavage, la production de l’Indigo augmenta dans les Pays chauds et son prix diminua. Son usage devint libre en 1737. Elle supplanta alors le Pastel.
L’essai de retour de l’Isatis Tinctoria lors de l’époque napoléonienne (1811 blocus continental), fut de courte durée.
Sur les routes du Lauragais  (région du Sud-Ouest)  dont il fit la fortune, on peut lire de petits panneaux  d’information « le Pays de cocagne », illustré par une plante d’Isatis tinctoria. Mais qui connait les cocagnes ?
Les cocagnes étaient les boules malaxées de la plante d’Isatis Tinctoria, qui se vendaient à prix d’or pour  faire la teinture bleu pastel.
A Auriol nos archives parlent de moulins à blé, à huile, à recence, à tan…à poudre à canon,  mais pas de moulin à pastel, moulin pastellaire à main ou à sang (mus  par un animal), pour écraser les plantes d’Isatis à fin d’en extraire la pulpe qu’il fallait faire égoutter avant de la malaxer en boules grosses comme le poing  que l’on devait faire sécher( les cocagnes).
Et le travail ne s’arrêtait pas là.
Le teinturier devait concasser ses cocagnes pour obtenir de la poudre qu’il mettait dans une cuve de fermentation avec de l’urine….
Revenons à la botanique : l’Isatis tinctorial est une plante bisannuelle ou pérenne qui ne fleurit pas la 1ère année (rosette de feuilles basales pétiolées), de la famille des crucifères. Elle n’est pas sensible aux maladies, ni aux parasites.
A vous de voir si vous l’acceptez au jardin !                                                                    Texte : Renée 

Isatis tinctoria 1ère année
Isatis tinctoria pastel

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