jeudi 3 novembre 2022

SORTIE A LA POUDRERIE DE St CHAMAS : le samedi 22 octobre 2022

Sur le parking des oliviers de Miramas le Vieux, nous sommes 17 personnes accueillies par monsieur Jacques Lemaire pour, chemin faisant, découvrir les richesses et l’histoire de l'ancienne poudrerie et de son parc enchanteur.

Notre visite commence sur les hauteurs du parc, le sentier dans la garrigue où poussent romarins, chênes verts, robiniers, pistachiers lentisques, cistes et genets, nous conduit jusqu’à la table d’orientation de la vigie. Sous nos yeux, c’est un espace boisé qui coule jusqu’aux roselières de l’étang de Berre.

 




 





 155 espèces d’oiseaux ont été recensées. 

Nous pouvons apercevoir au loin, des flamants roses et deviner des cormorans, garde bœufs, hérons cendrés ...

Les cigognes arrivent en janvier, et depuis quelques années nichent sur place. En 2022 : 10 couples et 20 jeunes y sont nés.

 

Un peu d'histoire de la poudrerie ( poudrerie : fabrique de poudre / poudrière : stockage de poudre )

En 1690, sous Louis XIV, naît la poudrerie royale de St Chamas, transférée depuis l’Huveaune où l’eau n’était pas suffisamment abondante et empêchait l’arrosage des cultures. ( démarche du Sieur Deydier, grand propriétaire terrien et consul d’Aubagne afin de récupérer l’eau de l’Huveaune pour l’irrigation des terres).

Le site de St Chamas réunit plusieurs atouts : accessible par la mer, éloigné des habitations, traversé par la Touloubre au débit régulier et abondant et par un canal alimentant un moulin à blé.

La poudre fabriquée est destinée jusqu’au XIXe s. à la guerre, la mine et la chasse. Après la guerre de 1870 on va fabriquer aussi des explosifs.

 Au cours des siècles, l’espace utile aux constructions et à la sécurité ne cessera de s’accroître. Pour palier la propagation des incendies et la violence du souffle des explosions, il est nécessaire d’éloigner les bâtiments les uns des autres et d’édifier de merlons – ouvrages constitués de 2 murs parallèles espacés d’un remblais  de terre. Et bien sûr, la demande croissante de poudre noire puis plus tard , de toujours plus d’explosifs nécessitera la construction d’autres bâtiments. On gagnera de l’espace sur l’étang avec la formation de digues en 1838, 1866, 1882 et 1885, et en s’étendant sur la commune de Miramas. En 1950 :  45 ha sur St Chamas et 90 ha sur Miramas.

 




 

La superficie du site est passée de 1,5 ha à l’origine, à plus de 130 ha dont 40 gagnés sur l’étang.  Actuellement, 118 ha sont protégés par le Conservatoire du Littoral qui en est propriétaire depuis 2001, 20 ha sont occupés et une zone militaire demeure non accessible. 

La main-d’œuvre qui était de 450 personnes en 1913 est passée à 7850 personnes en 1917.

En 1942 la poudrerie est occupé par les forces armées allemandes. A partir de 1945, le site qui a échappé aux bombardements, va développer la fabrication d’explosifs.

Deux catastrophes ont marqué la vie de ce lieu : En 1936, une explosion a fait 53 morts et 200 blessés. En 1940 le bilan d’une seconde explosion sera de 11 morts et 53 blessés.

 

En 1974 c’est la fermeture définitive. La plus grande partie des 250 bâtiments existants ont été démolis en 1976 et 1977. Le site a fait l’objet d’une dépollution jusqu’en 1995.

 

 Notre guide nous a fait découvrir la Chapelle du XIe dédiée à St Vincent. 

( L’origine de ce lieu de culte pourrait remonter à l’époque romaine). Elle a servi à loger les militaires qui surveillaient la poudrerie pendant les guerres. Elle a aussi été utilisée par un agriculteur qui l’a transpercée pour faire passer en son milieu un canal, y a pratiqué des ouvertures pour la commodité de son activité et y a construit une cuve à vin.

Cette chapelle est remarquable car semi-troglodytique : la partie sous-roche est aussi longue que la nef. Elle se situe à l’aplomb d’un grand lavoir.

 

Une aire de pique-nique nous accueille pour le casse-croûte. A proximité, de grands hangars encore existants abritaient l’atelier de montage des torpilles destinées à l’arsenal de Toulon dans les années 1990. Ils sont utilisés maintenant par le service Environnement du Syndicat d’Agglomération qui assure l’entretien du parc et de son patrimoine.

Après la collation, Jacques Lemaire, notre guide va évoquer l’histoire des immigrés indochinois qui ont, sans salaire, travaillé à la poudrerie entre 1939 et 1940. Ce sont 20 000 hommes qui ont été pour la plupart enrôlés de force, répartis dans les usines d’armement en France et internés dans des camps. Après 1940 ils seront affectés aux travaux agricoles et forestiers et notamment dans les rizières de Camargue. ( « Immigrés de force : les travailleurs indochinois en France 1939-1952 » Pierre Daum).

Nous verrons ensuite un espace d’expositions de photos du site et de la Camargue puis notre guide nous conduira jusqu’à la cascade, surverse du « canal d’arrosage de Boisgelin ». On y trouve à l’entour, des chênes et platanes géants et des espèces venues du monde entier, arbres plantés par les directeurs successifs : séquoia, ginko biloba, if, bambous, magnolias, cyprès chauves.

Plus loin : cyprès verts, cèdres de l’Atlas, troènes de Chine, pins d’Alep ... Les arbres participent eux aussi à réduire la violence des souffles d’explosions.




 




Les pneumatophores : organes des cyprès chauves, qui captent l'oxygène, car ces arbres ont leur pieds et leur racines sous l'eau. - photo 10

En 2014 , lors de notre visite ils étaient bien sous l'eau ( en surface, la blancheur du débourrage des peupliers). Mais en 2022, plus une seule goutte d'eau ! - photo 11

                                                                 Févier à 3 épines

Notre visite a été source d’enrichissement de connaissances mais aussi régal des yeux et des sens, et dans la bonne humeur !

 

Des vidéos pour plus d'informations :

https://www.provencetv.fr/films-tournes-avec-jacques-lemaire

 texte : Sylviane /photos : Sylvie











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