Nous sommes
28 participants qui nous retrouvons sur
le parking du moulin St Claude pour un départ en covoiturage, direction Aix-en-Provence :
le camp des Milles.
C’était un camp d'internement et de
déportation français, ouvert en septembre 1939, dans une tuilerie désaffectée,
au hameau des Milles. Il abrite aujourd'hui un
important musée historique, tourné vers l'Éducation et la Culture (inauguré
en 1992).
Son action est destinée à renforcer la vigilance et
la responsabilité de chacun, face aux racismes, à l'antisémitisme et à tous les
fanatismes.
Dans
ce bâtiment furent internées entre 1939 et 1942, plus de 10 000 personnes dans
des conditions très dures. L'histoire de ce camp témoigne de l'engrenage des
intolérances successives, xénophobe, idéologique et antisémite qui conduisit à
la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis le Camp
des Milles vers le Camp d'extermination d'Auschwitz, via Drancy et Rivesaltes.
Ils faisaient partie des 10 000 Juifs de la
zone dite "libre", qui, avant même l'occupation de cette zone, ont
été livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy, puis assassinés dans le
cadre de la "Solution finale" (même des enfants !).
Ce Camp a aussi abrité au début une importante communauté d'intellectuels
et d'artistes européens, allemands en particulier (des
indésirables), dont beaucoup étaient internationalement reconnus, tels que Max Ernst
et Hans Bellmer, des prix Nobel, des hommes politiques, des journalistes... De
l'enfermement et des privations ont émergé une forte émulation créative et une
volonté d'utiliser l'art
pour résister à la déshumanisation programmée.
A l’intérieur d’un four à tuiles, appelé du nom d’un célèbre café-concert allemand, des moments culturels étaient organisés, à la bougie. Beaucoup de traces de
cette création artistique foisonnante demeurent sur les murs du camp.
UNE VISITE EN TROIS VOLETS
Le parcours s’effectue sur 3 niveaux et est balisé de bornes audiovisuelles qui reconstituent les destins individuels d’internés, célèbres ou inconnus.
1 - UN VOLET HISTORIQUE
Notre guide commence par une présentation de l'histoire du Camp, de son contexte local, national, européen et mondial. Différentes salles nous aideront à resituer la place du camp dans l'histoire générale (montée du nazisme, guerre, Résistance, rafles et camps dans la région...), et dans les diverses phases répressives qui mènent de l'internement des ressortissants du Reich à la déportation des Juifs. Un film retrace avec minutie l’évocation de la « montée des périls ».
2 - UN VOLET MÉMORIEL
Nous avons également accès aux dessins et peintures laissés sur les murs.
À l'intérieur du bâtiment principal de la Tuilerie, une muséographie laissera s'exprimer la force évocatrice des lieux préservés en l'état.
Un espace est dédié aux "actes justes" de résistance et de sauvetage.
Les
transferts et les rafles de l'été 1942 laissaient présager de grandes menaces
pour les internés. Durant ces jours sombres, les Œuvres de secours tentèrent
désespérément de sauver le maximum d'internés, et notamment les enfants. Malgré
une étroite surveillance, certains internés parviendront à s'échapper et à se
cacher, grâce notamment au concours de quelques habitants des environs,
d'organisations juives (telle l’OSE) ou de réseaux de sauvetage, en marge
souvent des Églises catholique, protestante et orthodoxe. L'action de ces
individus isolés et de ces filières, parfois liées entre elles, permettront de
sauver des dizaines de Juifs persécutés, en les cachant, en les dirigeant vers
des zones de refuge comme le Chambon-sur-Lignon, voire en les conduisant à
l'étranger, le plus souvent la Suisse ou l'Espagne. Pour cela, certains d'entre
eux se sont vus décerner le titre de «Juste parmi les Nations» par l'État
d'Israël.
3 - UN VOLET RÉFLEXIF
Dans cette section sont présentés :
- tout d'abord un film sur 3 écrans décrivant les grandes étapes vers les génocides et les résistances possibles,
- ensuite des analyses scientifiques et des expériences qui permettent de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes ( préjugés, passivité, soumission aveugle à l'autorité...) qui conduisirent au pire. Ce troisième volet est destiné à renforcer la vigilance et la responsabilité du visiteur.
Nous
avons ensuite accès aux espaces extérieurs du camp, direction la Salle
des Peintures murales (ancien réfectoire des gardiens) avec d’imposantes œuvres
réalisées par des artistes internés entre 1940 et 1941 et restaurées.
Notre visite se termine ici. Certains néanmoins ressentent le besoin de se diriger vers le Wagon du Souvenir, sur les lieux mêmes du départ pour la déportation.
Ce fut un après-midi à la fois très bouleversant et riche en
enseignements. Il incite à la réflexion pour
que jamais plus de telles atrocités ne puissent
se produire.
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