Nous étions 13 personnes pour cette sortie où nous avons visité deux abbayes totalement différentes : celle de Montmajour le matin et après un pique-nique, celle de Saint-Roman l’après-midi .
L’abbaye de
Montmajour
Notre guide commence la visite par le côté nécropole : ce site aurait pieusement recueilli les corps de Chrétiens suite à l’intervention de Charlemagne (742-814) exterminant les Sarrasins qui, chassés d’Arles occupaient la campagne.
Au milieu du XIème siècle, les Bénédictins édifient une modeste chapelle Saint-Pierre, creusée dans le flanc de la colline.
L’église de faible dimension est précédée d’un vestibule utilisé pour des inhumations rupestres. Elle comprend deux vaisseaux parallèles dont l’un qui semble le plus ancien est intégralement taillé dans le rocher.
XIe – XIIIe
siècle : L’apogée médiéval
Cette poignée
d’hommes de foi, en quelques décennies, donnent naissance ensuite à une
puissante abbaye bénédictine avec une grandiose abbatiale romane consacrée à la
vierge. Le roi de Bourgogne-Provence Conrad le pacifique (937-993), les comtes
d’Arles, les comtes de la maison de Barcelone, les grandes familles de
l’aristocratie provençales, les évêques rivalisèrent de générosité pour offrir
au monastère des châteaux, des domaines
qui deviennent ensuite des prieurés. C’est ainsi qu’à la fin du XIIIème
siècle, Montmajour étendait son autorité sur 56 prieurés ! La communauté
sur place compte jusqu’à une soixantaine de religieux à cette époque.
L’abbatiale
Notre Dame
Nous commençons
la visite de l’abbatiale par la crypte.
La crypte
possède la double fonction de fondation de l’abbatiale Notre Dame et d’église
basse. Adaptée à la configuration du terrain dont elle rattrape la déclivité,
elle est en partie troglodyte sur la face sud. Cette robustesse permet de
supporter le poids de l’abbatiale. Les piliers et les voûtes portent des
marques de tâcherons.
La nef
datée du XIIème siècle témoigne de l’architecture romane provençale à son
apogée : simplicité du plan en croix latine, à nef unique voûtée en
berceau, d’une grande hauteur. Seules deux travées ont été construites sur les
cinq prévues.
Montmajour avait
également l’immense privilège de posséder une relique insigne de la Vraie
Croix, vénérée le 3 mai lors d’un pèlerinage dit « Pardon de
Montmajour », institué vers 1030. Pour mieux accueillir les pèlerins, les
moines firent construire au XIIème siècle la chapelle Sainte –Croix. Celle-ci
ne se visite pas, étant sur un terrain privé.
La galerie ouest comporte d’importants graffiti marins du XIIème siècle, peut être un témoignage d’un départ en croisade ? Les consoles sculptées au XIIème siècle représentent un bestiaire fantastique que notre guide a grand plaisir de nous faire commenter !
Nous parcourons
ensuite les différentes salles : le réfectoire, la salle capitulaire et
revenons vers la nef pour parcourir également la chapelle
Notre-Dame-La-Blanche, la sacristie, la salle des archives.
La visite se poursuit pour les plus courageux
par l’ascension de la tour Pons de l’Orme. Commencée en 1369, elle témoigne de
la mise en défense de l’abbaye pendant la guerre de cent ans.
Au sommet
la vue panoramique révèle la position stratégique de ce lieu aux portes
d’Arles.
Les autres
constructions en ruine ne sont pas accessibles à la visite. Il s’agit du
Monastère Saint Maur construit par l’architecte avignonnais Pierre II Mignard
de 1703 à 1719. Les dernières campagnes de constructions s’achevèrent en 1776.
Dépouillé de sa toiture et de sa charpente à la Révolution, le monastère a
servi ensuite de carrière de pierres. Il a été restauré partiellement en 1994
et un ancien cellier a été aménagé en 2001.
Abbaye de Saint-Roman
classé
monument historique en 1990 seulement !
Avant
de la découvrir, il nous faut gravir le rocher de l’Aiguille et cela nous
permet de faire une promenade digestive à l’ombre. Un intermède bien agréable
même si cela monte un peu …
Nous
arrivons au pied d’un rocher et surprise : point de construction !
Notre guide nous explique que les moines décidèrent de fonder cette abbaye dès
le Vème siècle , non pas en l’érigeant mais en creusant à même le roc calcaire,
travaillant la disposition des différents éléments monastiques à partir de
cavités préexistantes.
Nous commençons par contourner tout le rocher. La butte représente une accumulation de particules calcaires sous forme d’une dune marine d’eau peu profonde datant du Miocène, déposé lors d’une incursion marine dans la vallée inférieure du Rhône il y a entre 15 et 20 millions d’années.
Le
rocher a évolué dans sa forme au long de l’histoire de l’occupation humaine.
Nous
voyons qu’au début, il a accueilli l’installation de moines vivant dans des
cellules individuelles, certaines devaient être accessibles de plein pied,
d’autres grâce à des escaliers taillés dans la pierre.
L’aspect abrupt du rocher et les fortifications résultent de l’exploitation en carrière de la pente naturelle de la colline, le creusement d’un grand fossé l’entourant et l’ajout de murs percés d’archères.
La grande salle était autrefois divisée en 3
niveaux. La pièce du bas a sans doute servi d’écurie.
Dans
l’absidiole de la chapelle latérale on peut admirer un chapiteau roman trouvé
sur la terrasse supérieure et observer aussi plusieurs tombes au sol et dans
les parois.
Près
de 200 tombes d’adultes et d’enfants sont encore visibles mais beaucoup ont été
détruites par la retaille du rocher lors de la fortification. Les défunts
pouvaient être des moines mais surtout des laïcs des environs.
Cellules monastiques
Et vue vers les monts du Luberon,
Saint-Rémy-de-Provence, Les Alpilles, Tarascon et Beaucaire.
Un peu d’histoire pour terminer :
C’est
au milieu du Xème siècle (vers 961) que l’abbaye est pour la première fois
mentionnée dans les possessions de l’archevêque d’Arles Manassès. C’est lui qui
a développé Saint Roman qui deviendra en
1102 un prieuré rattaché à l’abbaye bénédictine de Psalmodi près
d’Aigues-Mortes. Au début du XIII ème siècle le site sert de place forte. En
1538 le site est transformé en château et la propriété se transmet ensuite dans
différentes familles nobles. Vendu comme bien national à la révolution et
tombant en ruine quelques années plus tard, entre 1830 et 1835, a famille
propriétaire fait démolir et vend les pierres. Le site tombe ensuite dans
l’oubli jusqu’en 1960 lorsque des fouilles sont entreprises pour dégager
l’abbaye.
Depuis
2018 un programme collectif de recherche historique et archéologique de quatre
années est lancé, prélude à une valorisation plus ambitieuse du site.
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