mardi 14 juin 2022

SORTIE DU MARDI 12 AVRIL EN PAYS D'ARLES

Nous étions 13 personnes pour cette sortie où nous avons visité deux abbayes totalement différentes : celle de Montmajour le matin et après un pique-nique, celle de Saint-Roman l’après-midi .

L’abbaye de Montmajour 



A 5 kilomètres d’Arles, sur le mont Majour (signifie « grande montagne »), se dresse de beaux restes d’une architecture grandiose. Ce n’est en réalité qu’une modeste butte de 43 mètres d’altitude qui, jadis, formait une véritable île cernée par des eaux mortes, et dont l’accès ne se faisait qu’en barque.




Notre guide commence la visite par le côté nécropole : ce site aurait pieusement recueilli les corps de Chrétiens suite à l’intervention de Charlemagne (742-814) exterminant les Sarrasins qui, chassés d’Arles occupaient la campagne.


La fondation d’un monastère serait l’ex-voto de l’empereur pour sa victoire sur les ennemis de la Croix.

Au milieu du XIème siècle, les Bénédictins édifient une modeste chapelle Saint-Pierre, creusée dans le flanc de la colline.


Nous y accédons par une porte du XIVème siècle percée dans le mur d’enceinte et gardée par un saint Pierre tenant une clef.

L’église de faible dimension est précédée d’un vestibule utilisé pour des inhumations rupestres. Elle comprend deux vaisseaux parallèles dont l’un qui semble le plus ancien est intégralement taillé dans le rocher.

 










XIe – XIIIe siècle : L’apogée médiéval

Cette poignée d’hommes de foi, en quelques décennies, donnent naissance ensuite à une puissante abbaye bénédictine avec une grandiose abbatiale romane consacrée à la vierge. Le roi de Bourgogne-Provence Conrad le pacifique (937-993), les comtes d’Arles, les comtes de la maison de Barcelone, les grandes familles de l’aristocratie provençales, les évêques rivalisèrent de générosité pour offrir au monastère des châteaux, des domaines  qui deviennent ensuite des prieurés. C’est ainsi qu’à la fin du XIIIème siècle, Montmajour étendait son autorité sur 56 prieurés ! La communauté sur place compte jusqu’à une soixantaine de religieux à cette époque.

                            

L’abbatiale Notre Dame

Nous commençons la visite de l’abbatiale par la crypte.

La crypte possède la double fonction de fondation de l’abbatiale Notre Dame et d’église basse. Adaptée à la configuration du terrain dont elle rattrape la déclivité, elle est en partie troglodyte sur la face sud. Cette robustesse permet de supporter le poids de l’abbatiale. Les piliers et les voûtes portent des marques de tâcherons.

 

                    





 

La nef datée du XIIème siècle témoigne de l’architecture romane provençale à son apogée : simplicité du plan en croix latine, à nef unique voûtée en berceau, d’une grande hauteur. Seules deux travées ont été construites sur les cinq prévues.

 

Montmajour avait également l’immense privilège de posséder une relique insigne de la Vraie Croix, vénérée le 3 mai lors d’un pèlerinage dit « Pardon de Montmajour », institué vers 1030. Pour mieux accueillir les pèlerins, les moines firent construire au XIIème siècle la chapelle Sainte –Croix. Celle-ci ne se visite pas, étant sur un terrain privé.

 

 Nous quittons la nef et arrivons dans le cloître.

La galerie ouest comporte d’importants graffiti marins du XIIème siècle, peut être un témoignage d’un départ en croisade ? Les consoles sculptées au XIIème siècle représentent un bestiaire fantastique que notre guide a grand plaisir de nous faire commenter ! 

 



Souvenir d’un beau moment de partage !

La galerie sud, de structure romane montre des sculptures représentatives de l’iconographie gothique de la fin du XIVème siècle.

 

Nous parcourons ensuite les différentes salles : le réfectoire, la salle capitulaire et revenons vers la nef pour parcourir également la chapelle Notre-Dame-La-Blanche, la sacristie, la salle des archives.


 







La visite se poursuit pour les plus courageux par l’ascension de la tour Pons de l’Orme. Commencée en 1369, elle témoigne de la mise en défense de l’abbaye pendant la guerre de cent ans.

Au sommet la vue panoramique révèle la position stratégique de ce lieu aux portes d’Arles.


Les autres constructions en ruine ne sont pas accessibles à la visite. Il s’agit du Monastère Saint Maur construit par l’architecte avignonnais Pierre II Mignard de 1703 à 1719. Les dernières campagnes de constructions s’achevèrent en 1776. Dépouillé de sa toiture et de sa charpente à la Révolution, le monastère a servi ensuite de carrière de pierres. Il a été restauré partiellement en 1994 et un ancien cellier a été aménagé en 2001.

Abbaye de Saint-Roman

classé monument historique en 1990 seulement !

 Après le pique-nique, nous nous dirigeons vers BEAUCAIRE et nous y trouvons à quelques kilomètres au nord l’abbaye Troglodyte Saint Roman de l’Aiguille.

Avant de la découvrir, il nous faut gravir le rocher de l’Aiguille et cela nous permet de faire une promenade digestive à l’ombre. Un intermède bien agréable même si cela monte un peu …

Nous arrivons au pied d’un rocher et surprise : point de construction ! Notre guide nous explique que les moines décidèrent de fonder cette abbaye dès le Vème siècle , non pas en l’érigeant mais en creusant à même le roc calcaire, travaillant la disposition des différents éléments monastiques à partir de cavités préexistantes.


Nous commençons par contourner tout le rocher. La butte représente une accumulation de particules calcaires sous forme d’une dune marine d’eau peu profonde datant du Miocène, déposé lors d’une incursion marine dans la vallée inférieure du Rhône il y a entre 15 et 20 millions d’années.

Le rocher a évolué dans sa forme au long de l’histoire de l’occupation humaine.

Nous voyons qu’au début, il a accueilli l’installation de moines vivant dans des cellules individuelles, certaines devaient être accessibles de plein pied, d’autres grâce à des escaliers taillés dans la pierre.

 

L’aspect abrupt du rocher et les fortifications résultent de l’exploitation en carrière de la pente naturelle de la colline, le creusement d’un grand fossé l’entourant et l’ajout de murs percés d’archères.

 







 La grande salle était autrefois divisée en 3 niveaux. La pièce du bas a sans doute servi d’écurie.

 

                                     

La nef de la chapelle souterraine a été aménagée dans une grotte peu à peu agrandie. Exploitée en carrière au 19eme siècle, le travail des carriers, visible aux paliers de découpe, a rabaissé le sol de la chapelle d’1,50 m lui faisant perdre son aspect bas et sombre.

 

Dans l’absidiole de la chapelle latérale on peut admirer un chapiteau roman trouvé sur la terrasse supérieure et observer aussi plusieurs tombes au sol et dans les parois.

                         

Le siège de l’abbé, flanqué d’autre plus simple, élément unique du XIIème siècle était sans doute peint et dotés d’accessoires disparus (accoudoir, abat-voix)

 

Près de 200 tombes d’adultes et d’enfants sont encore visibles mais beaucoup ont été détruites par la retaille du rocher lors de la fortification. Les défunts pouvaient être des moines mais surtout des laïcs des environs.

 Cellules monastiques

 


 

                        



Nous continuons la visite en profitant du magnifique panorama qui s’offre à nous. Vue de gauche à droite sur le Gardon, le Rhône, le barrage de Vallabrègues, Avignon, le mont Ventoux (par beau temps clair mais pas ce jour là),

Et vue vers les monts du Luberon, Saint-Rémy-de-Provence, Les Alpilles, Tarascon et Beaucaire.


Pour terminer, passage par les vestiges d’une installation viticole dotée d’un fouloir maçonné et de logements creusés pour accueillir un pressoir. C’est l’exemple de réemploi d’anciennes cellules monastiques.


Un peu d’histoire pour terminer :

C’est au milieu du Xème siècle (vers 961) que l’abbaye est pour la première fois mentionnée dans les possessions de l’archevêque d’Arles Manassès. C’est lui qui a développé Saint Roman qui deviendra  en 1102 un prieuré rattaché à l’abbaye bénédictine de Psalmodi près d’Aigues-Mortes. Au début du XIII ème siècle le site sert de place forte. En 1538 le site est transformé en château et la propriété se transmet ensuite dans différentes familles nobles. Vendu comme bien national à la révolution et tombant en ruine quelques années plus tard, entre 1830 et 1835, a famille propriétaire fait démolir et vend les pierres. Le site tombe ensuite dans l’oubli jusqu’en 1960 lorsque des fouilles sont entreprises pour dégager l’abbaye.

Depuis 2018 un programme collectif de recherche historique et archéologique de quatre années est lancé, prélude à une valorisation plus ambitieuse du site.

Texte et photos : Eliane

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